David Charlet (Anacofi) : « En l’absence de co-régulation, 2019 a été dans la continuité de 2018 »

Par : Benoît Descamps

La co-régulation ayant été repoussée, l’Anacofi a, tout au long de l’année 2019, accompagné ses membres dans la mise en place de leurs obligations réglementaires et étoffé ses services. Entretien avec son président, David Charlet.


Profession CGP : Quel bilan pour l’année 2019 pouvez-vous tirer pour l’Anacofi ?

David Charlet : Notre association continue de grandir. Si nos effectifs progressent légèrement sur le statut de CIF (+1 à 2 %), nous assistons à de nombreuses adhésions sur les métiers de l’assurance, de l’IOBSP et de l’immobilier. Pour les deux premières professions, cela s’explique par l’anticipation de la co-régulation, mais il ne s’agit pas de la ruée qui est à prévoir lorsque cette co-régulation sera effective. Globalement, ces adhésions à une association professionnelle semblent s’expliquer par le besoin des professionnels d’être représentés et de disposer de services alors que leurs activités se complexifient. Notre positionnement de première association professionnelle et nos campagnes de communication nous ont probablement permis de d’attirer ces nouveaux membres.

D’ailleurs, sur les IOBSP nous allons jouer notre rôle à plein face aux décodifications massives qu’opèrent actuellement les banques. Nous allons ainsi prochainement mener une action en concertation avec les autres associations.

Notre association s’est également étoffée par le recrutement de nouveaux salariés (+10 %), avec notamment le recrutement d’un quatrième juriste. Cette équipe répond quotidiennement aux interrogations de nos adhérents, pour lesquels l’année 2019 a été celle de l’adaptation aux réglementations. Pour les accompagner, nous avons également négocié des tarifs avec des sociétés dédiée à la conformité. Nous avons par ailleurs totalement relooké notre kit réglementaire, lequel est désormais disponible en version digitalisée et dès Décembre existera en 2 niveaux de profondeur, avec l’apparition d’une version kit simplifié.

Nous avons musclé également d’autres services comme la formation, les partenariats externes, notre communication auprès des adhérents… En l’absence de co-régulation, 2019 a donc été dans la continuité de 2018.

Justement, où en est le projet de co-régulation pour les IOBSP et intermédiaires d’assurances ?

D. C. : Il est toujours d’actualité. Le problème reste de trouver un texte où l’intégrer. Le Trésor souhaite une mise en place en 2021 et nous continuons d’échanger pour affiner le fonctionnement de cette co-régulation.

Comment vos membres ont-ils appréhendé le renforcement de leurs obligations de formation continue cette année ?

D. C. : Le nombre d’heures à suivre est conséquent pour les CGP – même s’il est ramené à 25 grâce au pluri-comptage. Malgré nos incessants rappels, la mise en place d’un calendrier de formation tout au long de l’année, et l’e-learning, ils ont en majorité attendu la fin de l’année pour remplir leurs obligations ce qui a provoqué des « embouteillages ». Nous les invitons donc à se former tout au long de l’année et non en fin de période.

Sur le plan réglementaire, faut-il s’attendre à des nouveautés pour les CGP ?

D. C. : A très court terme, non. Néanmoins, nous sommes consultés sur Priips et sur le PEPP ; et un texte sur le crowdfunding devrait prochainement voir le jour. Néanmoins, les équipes nouvelles viennent de se mettre en place à Bruxelles et elles débutent seulement leur « back-testing » des textes. Les prises de contact s’organisent.

Quel regard posent vos membres sur les nouveaux plans d’épargne retraite ?

D. C. : L’intérêt est réel même si on observe quelques critiques sur l’offre de produit, notamment au niveau technique. En revanche, je ne suis pas sûr que la prise sera rapide, comme le souhaite le gouvernement. En effet, cette nouvelle solution nécessite de la formation, la construction d’une offre, de la pédagogie vis-à-vis des clients… Sans parler des grèves qui vont ralentir nos activités en cette fin d’année.

Un mot sur les politiques des assureurs vis-à-vis des fonds en euro ?

D. C. : Depuis plusieurs années nous savons que sur le plan économique le fonds en euro est en péril ce qui oblige à créer des produits nouveaux. Les contraintes des assureurs s’amplifient et mettent le conseiller encore plus en responsabilité devant son client ; mais l’allocation d’actifs et son suivi dans le temps font partie de ses compétences. Pour les clients totalement averses au risque et à l’horizon d’investissement court, philosophiquement, je considère qu’il doit pouvoir avoir accès au fonds en euro car les solutions de remplacement n’existent pas et ce, du fait entre autre de contraintes réglementaires.

S’agissant des politiques de bonification, il s’agit de stratégies commerciales qui peuvent parfois modifier lourdement les offres et poser problème.

Quels sont vos projets pour 2020 ?

D. C. : Nous allons poursuivre nos actions, relancer notre projet digital qui accompagnera la mise en œuvre de la co-régulation. Nous allons également revoir notre système de tour de France avec moins de dates, mais pour en faire de vraies semaines  de rencontres rythmant l’année à Paris et en région, tout en nous appuyant également sur des sociétés reconnues pour les formations de niveau « expert ».

  • Mise à jour le : 18/12/2019

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